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A Niewport le 20 juillet 1780
Nous voicy enfin mon cher prince, sur cette terre si longtemps attendue, et tant désirée. Je me renferme un instant dans moy même, et je pense avec plaisir que vous apprendrez avec quelque satisfaction, que je suis arrivé en beaucoup meilleure santé que je n’étais au moment de mon départ de Brest. M. de Ternay a dirigé notre marche à travers des mers douces et sous le ciel le plus serein. Il nous est bien arrivé quelques événements, c’est à notre général à vous les apprendre, mais je veux vous répetter mille fois, mon cher prince, c’est que je suis charmé de la suitte que vous avez mise à notre amitié pour moy depuis plus de 30 ans que j’en jouis dans les moments de contentement, qu’elle me servit d’une resource infinie, si j’étais affligé, que je n’oublirai jamais ce que vous avez fait pour mon frère à ma demande, et surtout le sentiment que vous m’avez montré au moment de notre séparation, cette profession de foy qui vous assure tous les sentiments de mon coeur, doit aussi vous répondre que les deux [frères ]
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serviront la cause à laquelle vous les avez associés de tous leurs moyens. Nous avons tous icy la plus grande confiance dans le général que vous avez présenté au roy et qu’il nous a donné, son parfait accord avec M. de Ternay et de bon augure pour la célérité, et l’ensemble des secours mutuels que les armées de terre et de mer seront dans les cas de se donner. Vous devez vous attendre mon cher prince, que cette guerre sera chère et que les régiments feront des pertes considérables, pour l’utilité de la chose, pour vous, pour l’honneur et la gloire des armes du roy et de la nation, disposez tout à l’avance je vous en supplie pour que nous ayons de l’argent et des soldats, et soyez sur que le peu de français qui sont icy mériteront l’approbation du roy et l’intérêt de tous les ministres. Adieu mon cher prince croyez qu’il n’est ny lieux ny distances ny événement qui puisse m’empêcher de vous être bien tendrement dévoué jusqu’au dernier moment.