Jumelle family Papers, 1751-1925. Mademoiselle De Vanderstrate letters to Pierre Laurent Jumelle, 1790. A/J94, folder 6. Schlesinger Library, Radcliffe Institute, Harvard University, Cambridge, Mass.

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du 21. février 1790

Point de lettre! pas un seul mot de consolation. cruel ami! pouvez vous être aussi insensible aux terribles angoisses d'une femme qui vous adore et que donneroit sa vie pour vous prouver son amour? il y a aujourd'hui huit jours que vous etes parti. ah Jumelle! quel moment! comme il est présent à mon coeur et à ma pensée! - - - Si je n'avois pas vu tes larmes que j'ai regardées comme l'expression de ta tendresse, je ne l'aurois jamais supporté; ouir ma mort eut suivi ton départ; en ce moment même, la sueur qui est son avant courreur[?] couvre tou mon corps . . ah! Jumelle, Jumelle, si tu voyois ton amie! non tu ne la verrois pas sans pitié. . . J'ai eu bien du chagrin de l'accident qui m'est arrivé le 13.[9 h?] j'en ai bien plus aprésent. . . tu disois alors pour me consoler: penses donc, ma bonne amie, qu'il faudroit qui je partira . . . . tu es parti, et rien ne me reste pour calmer ma douleur . . . pourquoi avoir empêché [?] . . de m'écrire en route comme il ma l'avoit promis? M. P. même croyois que tu ferois plus que tue n'avois promis, que tu écrivois en route [pour?] nous prouver combien tu [pensois?] à nous. il s'est aussi trompée. . . je me couche, non pour goûter du repos, mais pour mieux penser à toi. je veux me souvenir des larmes que tu as versées dans [ce?] même lit, la nuit avant celle de ton départ, les recuiller avec mes levres comme je le fis alors . . . Ah! mon bien aimé!

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Le 22.

Je suis partie, a pied, a deux heures et demie pour aller à [siepas?] chercher ton frere pour le mener à ta soeur comme je le lui avoit promis, mais on me l'a refusé sous prétexte que m. Watrin devoit le mener demain au couvent. j'ai dit à m. Prévert que si c'étoit une maniere honnête de me refuser l'enfant je le priois de me le dire pour ne plus m'y exposer: il m'a dit que non que c'etoit la crainte de désobliger M. Watrin. M. P... qui est venu souper avec moi et qui comptoit trouver l'enfant a été fort surpris du procédé malhonnête de m. Prévert, il manquoit Essentiellement a une femme qui s'etoit donné la peine de venir de très loin et qui le faisoit d'ailleurs avec l'agrément du frere ainé. cela n'auroit point empêché M. W. d'aller au couvent. Je te laisses a juger si je méritois ce procédé, mais Je te prie, mon bon ami, si tu veux me procurer quelque fois le plaisir de rassembler ton frere et ta soeur, de faire en sorte que je n'eprouve plus de pareils désagréments. Je cherche a m'entourer de tout ce que tu aimes comme s'il devoit rejaillir sur moi quelqu'e étincelle de cette amitié. il semble que ma douleur soit moins vive lorsque je me trouve avec des êtres qui te touchent de si près; il seroit cruel, cependant, que cherchant un adoucissement à mes maux je trouvasse de nouvelles peines. J'ai dit à m. Prévert, qu'il faudroit bien que l'enfant vint chez moi pour finir son portrait auquel il y avoit encore une touche a donner. il m'a répondu que le peintre pouvoit aller chez lui: je lui ai dit, qui'l n'en feroit rien. tu vois

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qu'il y a un projet formé, qui ne laisse pas que d'être humiliant pour moi; si m. W. rend service à ta famille il le fait payer a tes amis d'une maniere bien désagréable. mais je m'en rapporte à ton amitié à ton honnêteté qui saura distinguer ce qui est honnête et juste de ce qui ne l'est pas ce contre temps redouble bien mon chagrin: moi qui voudroit tenir à toi par tous les liens, je vois avec une véritable peine s'echapper l'occasion de te prouver combien j'ai a [cours?] tout ce qui peut contribuer à la satisfaction de tes proches ainsi qu'à la tienne. ah! pourquoi ne suis-je pas mieux traitée de la fortune, je ferois bien voir à ces gens là que je suis un être respectable, l'argent est leur idole, je leur en donnerois et je les verrois à mes pieds.

hier toute la cavalrie étoit sur pied, on a béni les guidons à notre Dame. le cortège a passé sous nos fenêtres, c'étoit un fort beau coup d'oeil. combien, mon bon ami, j'ai pensé à toi dans ce moment, quel plaisir tu aurois goûté a voir tous ces beaux chevaux! et quelle douceur pour moi de te sentir à mes cotés! . . hèlas! c'est en vain que je te cherches à tous les instants du jour! un [?] affreux regne autour de moi. ah! si tu m'avois aimée, non, cruel, non tu n'aurois jamais pu me quitter.

Mardi 23.

hé bien! mon bon ami, m. W. n'a point paru à S.t aure, et ta soeur n'a pas vu [dutaurier?], ce qui lui a fait beaucoup de peine. J'ai été présente à sa leçon de harpe;

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elle a des moyens si elle vouloit en fair usage. mais elle m'a promis de mettre tous les instants a profiter et je crois qu'elle tiendra parole. il est dû au maître de harpe cinq cent dix livres, il seroit désespéré si'l ne recevoit pas un accompte à la fin du mois. Je lui ai promis de lui faire part aussi tôt que je les auroit reçus, des nouvelles qui pourroient le concerner. M. ducalvaire paroit me prendre en amitié, elle est entrée dans beaucoup de détails avec moi, entres autres, sur la négligence de M. W. qui n'a pas mis le pied au couvent depuis plus d'un an; elle prétend que cet abandon [?invîte] beaucoup des ennuis de ta soeur qui a le plus grand besoin d'être en couragée. Je lui ai répondu que je ferois de mon mieux pour la consoler et l'engager a faire des progrès, mais qu n'en étant pas chargée d'une maniere directe, je ne voulois rien faire qui put porter ombrage à M. W.

Je le [répete?], mon bien aimé, tu es sage et prudent tu prendras le parti que tu croiras le meilleur et tu compteras sur moi comme sur toi même. bonsoir, mon unique, mon tout, l'ame de mon ame, puisses tu penser à ta bonne amie, autant qu'elle pense à toi, et l'aimer autant qu'elle t'aime. les ouvriers de la Bastile on figuré ce redoutable chateau, taillé dans une seule pierre, que dix d'entre-eux portent sur une civière précédés et suivi d'un détachement de Garde nationale et au bruit d'une musique guerriere, ils viennent de passer sous nos fenêtres, c'est la

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Paris le 18 Décembre 1790

comment le peu-il qu'étant arrivé en amérique le 26 avril j'ignore encore le 18 Décembre votre arrivée dans votre famille. votre silence est il [forcé?]? [?] vos lettres ne me sont-elles point parvenues? il faut que cela soit, car je ne puis me persuader que vous m'[?] completement oubluée, ni que soyez indifférent sur l'inquiétude ou me [jette?] l'incertitude des événements. Graces au Ciel! Je viens d'apprendre par une [voye?] Etrangere que vous etes au sein de votre famille et que vous jouisses d'une parfaite santé. le Plaisir que m'a fait cette heureuse nouvelle a été bien troublé par les détails qui l'on suivi ce n'est point sans une peine sensible que j'ai appris qu'aux chagrins que vous épouvies ici, L'Etat actuel de l'intérieur de votre famille, y avoit beaucoup ajouté. seroit-ce là le motif de votre silence? je ne vus le pardonerois pas. hé quoi! mon jeune ami, avez vous sitôt oublié la tendre amitié qu j'ai pour vous, le vif intérêt que je prends à tout ce qui vous concerne? si tout réussiroit au gré de vos desirs et que vous m'écrivisses: Je suis heureux et content: je serois satisfaite. mais vous [aver?] des chagrins et je ne les partage pas! que vous ai-je donc fait? n'oublies jamais que mes sentiments pour vous ne sont ni du moment, ni de circonstances, ils sont tels que vous les mérites, ils sont tels que vous ne pouvez sans ingratitute refuser de me faire partager vos peines en m'accordant une entiere confiance,

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je suis vous le [savis?] incapable d'en abuser. tout ce que j'ai appris ne m'a point etonnée, je l'avois [penenti?] si je ne vous en ai point parlé plutôt c'est pas une Extréme délicatesse, je ne voulois pas arracher vos secrets; combien il m'auroit été doux de les devoir à votre amitié! mais ce que n'a point produit l'intimité d'une vie privée et sédentaire, dois je l'attendre lorsque'un espace de dix huit cent lieues nous sépare? non, il faut que J'aille audevant de vous et que je vous dire: si vous etes véritablement mon ami la plus grande preuve que vous puissiez me donner de votre amitié c'est de ne me laisse ignorer aucuns de vos chagrins, c'est de les [epancher?] dans le coeur d'une amie qui vous est entièrement dévouée, de chercher dans ton sein des consolations que vous ne trouveras peut-être par ailleurs, car si nous trouvons beaucoup d'amis empressés de partages nos plaisirs peu vont audevant de nos peines: moi, mon cher Jumelle, ce sont les seules confidences que je suis jalouse de ne partager avec personne Lorsque le bonheur accompagnera vos pas, dites moit seulement: Je suis heureux: mais si le malheur venoit vous accabler [accoures?] vers votre ami confié lui tous vos chagrins bien [sur?] de la trouver disposée à les partager et a méler les larmes aux votres. si vous avez reçu toutes les lettres que je vous ai écrit depuis votre départ de Paris celle-ci doit être la quatorzieme. je suis entrée dans

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tous les Détails que vous pour ces desires. si je reçois promptement de vos nouvelles je vous dirai pour quel motif je ne vous en fais aucun en ce moment. Je me bornerai pas le [?] a vous dire que la santé de [M]odeste s'altere beaucoup par le chagrin que lui cause l'abandon de la famille; m. Watrin est si occupé par les affaires Publiques qu'il ne peut lui donner aucuns soins, actuellement il le pourra moins que jamais puisqu'il est nommé Juge de Pais. la pauvre petite n'a que moi pour la consoler et malheureusement je ne puis lui donner que des consolations verbales et l'engager a avoir toute confiance en un frere qui l'aime et qui surement s'occupe d'elle. Dulaurier se porte bien il a eu la Rougeole ainsi que je vous l'ai mandé dans le temps. notre bon ami, notre bonne amie et [alex?] -vous écrivent c'est pourquoi je ne vous dis rien pour eux. tous vos amis et toutes vos connoissances on conservés pour vous les sentiments que vous leurs connoisses. Je vous répète, mon cher Jumelle, ce que je vous ai dit souvent; mon amitié pour vous est indépendant des temps, des lieux. et des circonstances: si j'etois assez malheureuse pour que vous [?] à m'oublier, j'en Gemirois, mais je ne vous en [?]

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