Page 30

OverviewVersionsHelp

Facsimile

Transcription

Status: Indexed
Show Translation

Left page

La Bible (on pourrait à la rigueur ajouter Shakespeare, Dostoïevski,
Anatole France) nous montre ses héros humainement. Moïse avec ses
mariages critiqués par les siens, Jacob qui roule Esaü, les frères de Joseph,
David avec ses crimes en sont des excellents exemples. Mais les biographes
et historiens qui en général ne savent pas grand-chose accommodent
trop souvent en héros ou en martyrs de très mauvais drôles.
Que d’hommes d’État et d’artistes vus à distance présentent
au public une vie privée dorée du reflet de leur talent, de leur
génie, de leurs dons ! Mais le lecteur a toujours l’idée d’une
sanctification de l’homme ; on n’a pas dit la vérité en faisant
la biographie ou l’histoire d’une célébrité. Les fautes de
celle-ci, ses bassesses, ses crimes, ses hontes disparaissent grâce à
l’histoire, presque toujours menteuse, et la société de son temps
a tort contre elle devant le tribunal de la postérité qui pourtant
malgré les efforts des historiens et à cause des efforts des
écrivains ne connaît jamais la dite célébrité aussi bien
que les contemporains la connaissaient. – Dans un siècle, écrit
Viel Castel p. 97, on nous fera un crime, de n’avoir pas adoré
ce bonhomme Béranger qui est le plus mauvais chien de la chrétienté ;
de n’avoir pas adouci les souffrances de Musset, fou
d’orgueil et de boisson. M. Thiers s’étonne que la France ne se nomme pas
la Thiéreïde et M. Guizot qu’elle ne porte pas le nom de Guizotine.
p. 100 Victor Hugo est le plus misérable des drôles, l’orgueil de Satan et le

-------------------------------------------------------------------------------------------------------

Right page

cœur d’un chiffonnier. p. 102 Ce poète ampoulé dont l’avenir fera
justice croit l’univers attentif à sa seule personnalité. C’est un homme
qui commettrait une méchante action, comme il commet de mauvais
vers pour attirer l’attention publique. Le désir de paraître
est le plus mauvais de tous les désirs, disait d’Aubigné.
p. 104 Cet homme représente la plus mauvaise fraction de la société française ;
et je l’ai si bien connu, si bien suivi dans sa carrière qu’il
doit m’être permis de le marquer du fer qu’il a mérité, même en
faisant abstraction de sa politique. Personne au monde n’est tout
à la fois plus lâche et plus dénué que lui de sens moral. Il parle
sans cesse de la famille, de la sainteté de l’intérieur, du respect
dû à la mère, mais toutes ces belles prêcheries ne sont que locutions
de bavardage imprimé ; sa conduite privée dément son langage
officiel. Il ne s’est jamais fait faute de maîtresses qu’il consacrait
par sa poésie, et sa famille est composée, dans une égale proportion,
d’enfants légitimes et de bâtards. Lorsque ses deux fils étaient
en prison avant le 2 décembre, il allait en compagnie de sa
maîtresse dîner avec eux et leurs maîtresses. Alors poète, écrivailleurs
et femmes se livraient à de telles orgies que Proudhon, leur
voisin de captivité, a dû se plaindre plusieurs fois, du bruit.
p. 105 Le ministère de l’Instruction publique [a] demandé à Morny n’arrivant
pas (le président Napoléon : je le connais trop pour l’employer,
c’est l’orgueil féroce). Hugo prononça à l’Assemblée un abominable

Notes and Questions

Nobody has written a note for this page yet

Please sign in to write a note for this page