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discours démagogique. Morny placé derrière lui criait à ses
oreilles : Le misérable, le drôle, mais on ne le fera donc pas
taire, ce coquin ! Victor Hugo fit semblant de ne rien entendre.
Mardi 22/VI [1943]. Maître Fonzes remet d’une huitaine la remise des objets précieux
du commissariat. Attendons. p. 113 Viel Castel dit de Mérimée : il n’est
ni chrétien, ni juif, ni mahométan, il n’est pas baptisé, et sa
mère est morte (écrit le 18-VII-1853) il y a un an en repoussant tout
secours religieux. Mérimée a vanté cette mort et il est tout simplement
athée et égoïste. Voilà de belles recommandations pour être
sénateur ! Quel lazaret, bon Dieu ! que le Sénat ! Peut-on restaurer
une nation, purifier ses mœurs, en dorant de tels sénateurs ?
Mérimée a de l’esprit, mais il a surtout celui de paraître en avoir
plus qu’il n’en possède. –
Le temps n’a pas seulement raison de tout amour, il use aussi la
haine, bien que plus lentement.
Napoléon a pu combattre l’église, il n’a jamais été hostile à son esprit.
Le 13 avril 1821, sachant qu’il allait mourir, il dicte posément à
son fidèle Montholon : Je meurs dans la religion catholique, apostolique et
romaine, dans laquelle je suis né il y a plus de cinquante ans.
Certain soir vers la fin du règne de Louis Philippe, le poète allemand Heine dont M.
Thiers disait : « C’est le Français le plus spirituel depuis Voltaire » entrait
dans le salon de Catherine de Trivulzio, princesse Belgiojoso. Le brillant habitué
semblait un peu terne. Aussi la belle Catherine lui dit-elle d’un ton

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enjoué : Qu’avez-vous donc, mon pauvre Heine, vous avez l’air tout bête
ce soir ? Ce n’est pas étonnant, princesse, répondit-il, je viens de passer
une heure avec Berlioz et nous avons échangé nos idées.
L’histoire avec Heine sera toujours un excellent prétexte d’égorger la crédulité
publique. Avant d’écrire l’histoire romancée de nos jours on s’est borné à écrire
le roman de l’histoire ; c’était à peu près la même chose.
Jeudi 24 [juin 1943]. L’huissier Raphael Brun, 3, place Masséna, successeur de notre voisin
Me Tanzi, nous envoie le congé pour le 29 septembre. Le député Peter me
dit qu’il ne peut rien faire du tout, je n’ai qu’à répondre que je
suis réfugié. Ces messieurs, dont le vautour Jean Jouve, 44, rue
de la Buffa, essaient de trouver des poires qui payent. –
Nous ne mangeons pas seulement mieux que l’année dernière,
nous ne mangeons pas mal du tout, après nous être bien organisés
et mis les prix ; mais je maigris tout de même. Le docteur me trouve
bien, je me trouve bien et il doit être une loi de la nature qui
change mon tempérament. N’importe, cela ne va pas mal et
je voudrais que les enfants sachent à [geo] Danville [/geo] qu’on se porte
assez bien ici un an après leur départ. Seulement, les jeunes seront
traqués et nous remercions tous les jours le ciel qui a inspiré à Jacques
l’énergie de partir. Aujourd’hui aux « Alsaciens » – GERAL on a communiqué
aux juifs allocataires qu’ils se cherchent un gagne-pain . Après
trois mois, on cessera de leur payer l’allocation. Qui sait ce
qu’on fera dans trois mois ?

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